L'Exil
1973

Martine Doytier, « L’Exil », 1973, huile sur toile, 168 x 186 cm.
Collection Frank Horvat. Inv. MD05

L’Exil, nom donné par Martine Doytier à ce grand tableau, est chargé de sens. L’exil est, en effet, la sanction infligée à celles et ceux qui sont condamnés à vivre hors de leur patrie. Il est indicateur de passé douloureux et d’avenir incertain. Mais il peut être également porteur d’espoir lorsque sont réunis les éléments d’une reconstruction sereine.

C’est ce qui semble être le cas pour ces six personnages qui naviguent en haute mer. Une terre est pourtant toute proche et l’on s’aperçoit qu’elle pénètre même à l’intérieur du bateau… Il doit donc s’agir d’un songe ou d’un souvenir, celui de la vie antérieure que ces exilés ont été obligés de quitter.

À terre, on retrouve tous les personnages du bateau : le menuiser qui travaille à la charpente d’une solide maison, le pêcheur qui guette le mouvement de sa ligne, l’agriculteur qui est occupé à moissonner, le petit enfant qui travaille à son bureau et la future maman qui caresse son ventre rebondi. La vie semble calme et on ne saura pas ce qui a interrompu cette sérénité.

Dans le bateau, toutes et tous s’affairent et partent pour une vie nouvelle. Le menuiser met la dernière main au bateau qu’il a certainement construit, le pêcheur a pris deux beaux poissons dans son filet, l’agriculteur, sa faux à la main, a quelques épis d’avoine prêts à être semés, le petit enfant espiègle a jeté sa plume à la mer et s’amuse à faire des bateaux de papier avec les pages de son cahier. Quant à la maman, elle a donné naissance à un charmant bébé souriant et vif. Aucun des visages n’est triste, toutes et tous ont du courage, leurs yeux sont grands ouverts, ils portent l’espoir en eux.

L’Exil est donc une œuvre positive, un message d’espérance proposé par Martine invitant à explorer et découvrir des terres nouvelles et, peut-être, à y reconstruire sa vie. D’ailleurs, c’est ce que Martine fera, moins de deux années après avoir peint ce tableau.