Ce texte a été écrit par Frédéric Altmann dans son livre intitulé « Photographies d’une vie, autobiographie » publié en 2000 par les éditions L’Ormaie à Vence.
L’auteur y raconte sa vie depuis sa naissance jusqu’à la date de publication en parlant de ses rencontres artistiques, des expositions qu’il a organisées, de ses voyages et de ses aventures et mésaventures dans le monde de l’art niçois.
Frédéric Altmann, au travers de ses galeries successives, a vendu les œuvres de Martine Doytier depuis ses débuts, en 1971, jusqu’en 1980, date à laquelle Jean Ferrero devint le marchand attitré de l’artiste et son collectionneur principal. Frédéric Altmann parle peu de Martine Doytier dans son ouvrage bien que Martine ait été, non seulement l’une des artistes phares de ses galeries, mais également une amie proche. Peut-être est-ce une marque de discrétion de sa part.
Toutefois, dans son livre, Frédéric Altmann raconte les débuts de Martine Doytier dans l’art. Et comme les témoignages sur cette époque de sa vie d’artiste sont très rares, nous avons décidé de reproduire les passages dans leur intégralité.
Pages 74 et 75, Frédéric Altmann écrit :
« Ma seconde exposition restera à jamais gravée dans ma mémoire. Le copain qui m’avait initié à la spéléologie venait de se marier. Sa jeune épouse faisait un peu de peinture. En découvrant ses premiers balbutiements, je décelais chez elle une très forte personnalité. Elle exécutait alors des toiles figuratives d’une technique encore hésitante avec des thèmes proches de l’art naïf. En réalité, c’était son quotidien qu’elle jetait sur la toile, comme en un journal intime, avec une force et une conviction inouïes.
Un jour, je lui ai proposé une exposition personnelle ; elle était à la fois ravie et inquiète, pensant peut-être que c’était pour faire plaisir à son mari. Mais que nenni ! Elle avait un talent fou, avec une écriture picturale personnelle. Le vernissage fut un succès incroyable, vingt toiles vendues sur trente. Martine Doytier avait fait une entrée remarquée dans le monde de la peinture. Elle mettra fin à ses jours quelques années plus tard, en laissant une œuvre exceptionnelle. J’espère qu’on reparlera un jour prochain de sa courte aventure artistique. »
Quelques pages plus loin, page 84, en parlant de sa galerie L’art marginal à Nice, Frédéric Altmann poursuit :
« L’ambiance de la galerie était joyeuse et d’une parfaite décontraction. L’espace était vivant et je m’y sentais à l’aise. (…) Martine Doytier y réalisera sa dernière exposition personnelle. À la même époque, son jeune talent sera reconnu par le Prix de la Vocation de la Fondation Bleustein-Blanchet, pour sa toile consacrée au Facteur Cheval. Disparue au milieu des années quatre-vingt, elle restera dans la mémoire de ses nombreux amis comme un être d’exception, n’acceptant aucune des concessions qu’impose le milieu artistique… »
Texte extrait de « Photographies d’une vie, autobiographie » de Frédéric Altmann, Éditions L’Ormaie, BP 18, 06141 Vence cedex, 2000. ISBN 2-913036-08-2
Citations effectuées dans le cadre de l’article L122-5 du Code de la propriété intellectuelle
Frédéric Altmann est né en 1941 à Lille. Il vit à Nice. Tout au long de sa vie, il s’est consacré à l’art. Commençant par le chant, poursuivant par le théâtre, il découvre l’art contemporain à Nice et devient organisateur d’expositions dans ses diverses galeries successives. Il a entretenu longtemps le désir de créer un musée qui serait consacré à l’Art naïf. Il est ainsi à l’origine de la création du Musée d’art naïf Anatole Jakovsky de Nice qu’il n’a malheureusement pas pu diriger en raison de controverses avec la Ville de Nice et avec Anatole Jakovsky lui-même. De 1998 à 2006, il a été le premier directeur du Centre d’art contemporain du Château de Carros, dans l’arrière-pays de Nice.