Le Carnaval
1973

Martine Doytier, « Le Carnaval », 1973, huile sur toile, 98 x 80 cm.
Collection privée, Rescaldina, Italie. Inv. MD18

À Nice, le Carnaval est une véritable institution qui, chaque année en février, introduit la fête dans chacun des espaces de la ville. Récemment installée à Nice, Martine Doytier, en fine observatrice du quotidien populaire, ne pouvait manquer de s’y intéresser. C’est la fabrication d’un char qu’elle choisit de représenter dans son tableau Le Carnaval, dont le sous-titre pourrait être « Le Tartarin des mers ».

C’est, en effet, le thème du char qui est en cours de construction et dont le personnage central monumental chevauche fièrement un poisson au large sourire. Ce Tartarin marin, qui semble prêt à affronter Poséidon en personne, est présenté par une sirène à la chevelure d’algues et aux généreux faux cils.

Il porte bien son nom car, vêtu d’un de ces costumes de bain à rayures qui étaient à la mode au début du XXe siècle, il exhibe fièrement ses tatouages et la toison de sa poitrine, et l’on ne peut ignorer le généreux renflement qui orne le bas de son ventre. Fanfaron et fier de lui, sa voluptueuse moustache compense la maigreur de ses membres. C’est avec un évident plaisir jubilatoire que Martine a donné à ce Tartarin le visage de son marchand de l’époque : Frédéric Altmann.

Autour de Tartarin, deux carnavalières s’affairent au montage des Néréides qui accompagnent notre héros sur son char tandis que la troisième ouvrière peint une bannière annonçant la prochaine Bataille de fleurs du Carnaval.

Comme souvent, dans les tableaux de Martine, des enfants sont présents et semblent très intéressés par ce monde qu’ils découvrent. Les règles de la perspective sont malmenées par le rigoureux quadrillage hypnotique du carrelage du sol, détail qui montre que Martine a encore beaucoup de choses à apprendre.

Enfin, petit détail qui vaut la peine d’être remarqué : la Néréide au costume rayé et la petite fille à la fenêtre ont les yeux bleus, tout comme le poisson rieur chevauché par Tartarin. Ce sera la première et la dernière fois que des personnages peints par Martine n’auront pas les yeux entièrement noirs.