Les Marcheurs
1971

Martine Doytier, « Les Marcheurs », 1971, huile sur toile, 100 x 80 cm.
Collection privée, Milan. Inv. MD50.

Depuis quelques temps, Martine Doytier aime à peindre des tableaux peuplés de personnages pittoresques qui vivent de petites scènes populaires croquées avec un humour parfois grinçant. Les Marcheurs en fait partie et montre l’arrivée du vainqueur d’une course de marche sportive sous les acclamations du public. Il semble bien fatigué par l’effort, a perdu une chaussure et la sueur coule sur son front car il a marché longtemps.

Ce type de course doit être de tradition dans la région car le café qui se trouve au détour de la route s’appelle le Café des Marcheurs. C’est là que ceux qui ne réussissent pas à finir le parcours trouvent un peu de réconfort auprès du gentil serveur qui les console. Le marcheur numéro 4 ne s’y est pas arrêté, il souffre, mais il est tout proche de l’arrivée et la deuxième place lui est promise.

Un peu plus bas, on trouve le stand des officiels, prêts à remettre la coupe au gagnant. Ils sont regroupés autour du maire du village, accompagné de son épouse toute de vert vêtue, son petit caniche attaché au poignet. Leurs moustaches, nœuds papillons, cravate, chemise à jabot et attitudes hautaines semblent impressionner le gamin qui les admire.

Sur le côté de la route, la foule s’agite. Le policier essaie de contrôler les débordements avec toute l’autorité que lui confère son sifflet. Le vainqueur est ovationné, on lui offre une bouteille de soda. Une maman au chapeau à fleurs et à voilette a confié son bébé à son mari pour profiter pleinement du spectacle que semble apprécier également le petit garçon aux bras ouverts.

Le moment de la remise du bouquet se prépare. C’est une jeune femme en costume traditionnel alsacien qui est chargée de l’offrir au vainqueur. Elle porte fièrement la coiffe à grand nœud papillon noir, le chemisier brodé et la belle jupe sous son tablier de couleur. La scène se déroulerait-elle en Alsace ? Le Café des Marcheurs semble le confirmer par son style architectural et ses couleurs.

Martine nous a également emportés dans le temps comme le montrent les costumes, les coupes de cheveux, les moustaches relevées à la Hercule Poirot et la belle pèlerine à doublure blanche du policier. Tout nous indique que cette course animée un peu rétro se déroule dans les années trente.