Paysage enneigé
1982

Martine Doytier, « Paysage enneigé », 1982, huile sur panneau Isorel, 18 x 19 cm.
Collection Jean Ferrero, Nice. MD26.

Le titre de ce très petit tableau ne laisse rien entrevoir de ce qui est en train de se dérouler dans la scène peinte par Martine Doytier.

On est séduit par le raffinement et la précision de la touche picturale qui fait penser aux miniatures peintes des XVIIIe et XIXe siècles qui ornaient des médaillons ronds ou ovales de paysages et de portraits. C’est leur délicatesse que Martine retrouve pour peindre les branches et les feuilles des arbres, la vallée embrumée, le petit village perché et les collines avoisinantes.

Sur la gauche du tableau, et devant une petite maison de briques dont les stalactites de glace montrent qu’il fait bien froid se tient une dame chaudement vêtue. Mains sur les hanches, elle est sur le point de se fâcher en regardant à quoi s’amusent ses enfants. À ses pieds, un cartable posé au sol montre qu’ils viennent de rentrer de l’école.

Mais pourquoi sont-ils allés sur la mare gelée ? Elle leur avait pourtant bien dit que la glace était fragile ! La voici maintenant qui se craquelle dangereusement sous le poids des deux gamins. La petite fille s’est mise à genoux bras bien écartés et le petit garçon a empoigné une branche qui vient de se casser. Son regard montre qu’il a peur que la glace ne se brise. La mare ne doit pas être très profonde et l’eau glacée ne dépassera certainement pas sa ceinture, mais ce froid glacial qui risque de le saisir est bien effrayant. De plus, il a certainement peur de la punition que va lui infliger sa maman au retour à la maison !

Nous ne saurons jamais si la glace s’est rompue, si tout s’est bien passé ou si, au contraire, les enfants sont rentrés trempés et transis et si, après s’être réchauffés devant le feu de la cheminée, ils ont tous deux été privés de dessert.

Ce petit Paysage enneigé s’est ainsi transformé en une péripétie hivernale dont Martine nous laisse libres d’imaginer la fin selon notre humeur.