Éléphant mourant
1983

Martine Doytier, « Éléphant mourant », 1983, argile, 15 x 16 x 21cm.
Collection Brice Delacquis Doytier, Nice. MD40.

Dès son enfance, Martine Doytier a été fascinée par les éléphants. Dominique, sa sœur aînée, raconte qu’un reportage sur les éléphants, que la petite Martine avait vu à la télévision, la troubla profondément et fut l’élément déclencheur de sa passion. Le mot n’est pas trop fort, car, depuis l’achat du bracelet en ivoire aux Puces de Saint-Ouen en 1965, jusqu’à l’Éléphant mourant qu’elle modela dans l’argile en 1983, Martine a souvent prouvé son amour pour cet animal.

Sa maison à Nice était remplie d’éléphants. De toutes tailles, de toutes matières, sophistiqués, kitchs, populaires, exotiques, précieux ou de pacotille. Ils peuplaient les étagères de son salon, étaient suspendus à ses oreilles et ornaient ses murs.

Martine ne s’expliquait pas sur cette passion et ne disait pas ce qu’évoquait pour elle ce majestueux animal. Pour les éléphants, comme pour beaucoup d’autres choses, Martine était instinctive. Sa fascination pour le placide et puissant pachyderme n’appelait pas de commentaires car cela lui semblait évident. Le plus grand des animaux terrestres est symbole de sagesse, de longévité, d’intelligence et de respect pour ses morts qu’il savait retrouver pour terminer ses jours à leurs côtés. Il n’en fallait pas plus pour séduire Martine et forcer son respect. Peut-être également s’identifiait-elle à lui et enviait-elle sa force tranquille, l’assurance de ses mouvements, la bienveillance de son regard et son sens aigu de la famille.

Au début des années quatre-vingt, retrouvant la maîtrise du modelage de la terre qu’elle avait acquise lors de ses années d’apprentissage de la poterie, Martine réalisa des éléphants en terre glaise. Bien alignés, ils peuplaient les rebords des grandes fenêtres de son domicile-atelier du 18 rue de la Préfecture. Un seul de ces animaux nous est parvenu. Avec ironie, c’est l’Éléphant mourant qui a survécu à leur disparition générale. C’est lui, si vivant dans le mouvement de sa chute sur le flanc, qui clôt l’exposition Martine Doytier à L’Artistique et sa biographie dans l’ouvrage monographique qui lui est consacré.

Une petite sculpture qui résonne comme un appel, comme un cri qui, malheureusement, n’a pas été entendu.