L'Ange noir
1982

Martine Doytier, « L’Ange noir », 1982, huile sur toile, 21,5 x 18,5 cm.
Collection Jean Ferrero, Nice. En dépôt à L’Artistique, Donation Jean Ferrero, Nice.  MD29.

Nouveau petit tableau peint dans l’atelier de L’Abbaye de Roseland en 1982, L’Ange noir se situe dans une architecture symbolique inspirée des colonnes, arches et décorations de ce lieu magique créé quasiment de toutes pièces par Édouard Larcade au début du XXe siècle. Marbres roses, carrelages, chapiteaux ornés et environnement médiéval et baroque constituent l’espace dans lequel Martine passe ses journées, seule dans cet atelier idéal et onirique.

Martine a toujours eu tendance à prendre la vie par son côté sombre. Cet Ange noir qui déploie ses ailes sur le monde peuplé de personnages déguisés, dansants et aux visages effrayés est là pour en témoigner. Leurs costumes rappellent le Carnaval qu’elle avait peint avec verve deux ans plus tôt pour en réaliser l’affiche. Mais, ici, l’un des danseurs a la tête entourée de serpents et ses pieds sont transformés en griffes de rapace. Derrière lui, un dragon mauve hérissé de piques lui prend la main. Tout cela est effrayant et le somptueux cloître de L’Abbaye où travaille Martine n’est peut-être pas très propice aux pensées joyeuses.

Un Ange noir plane sur ce petit monde et ce n’est pas bon signe. Dans la littérature et dans l’histoire, l’Ange noir est un symbole négatif. Certains d’entre eux sont célèbres tels que Léviathan, redoutable monstre marin dévastateur de la Bible et de la Torah ; Abbadon, ange exterminateur de L’Apocalypse dont le nom signifie ruine et destruction ; Belzebuth, prince des Démons et chef suprême des Enfers ; Azraël, archange qui accompagne les Morts dans leur dernier voyage ; ou Lilith, première épouse d’Adam devenue icône féministe dans les années soixante-dix.

L’Ange noir de Martine n’est pas nommé, mais il est certainement de cette même veine et n’est certainement pas porteur de sentiments positifs. Espérons toutefois qu’il symbolise ces idées noires passagères qu’un rayon de soleil ou une phrase amicale aura vite fait de balayer.