C’est à la visite d’une exposition de peintures naïves que nous convie Frédéric Altmann dans ce petit tableau de Martine Doytier. Il est facilement reconnaissable aux volutes de sa moustache et à son opulente chevelure bouclée. À cette époque, il organisait des expositions dans la galerie Art’O qu’il avait installée à Flayosc, un petit village des collines du Var.

La galerie du tableau, au carrelage à damiers et aux murs ornés de grappes de raisins, ne ressemble pas à la galerie Art’O. C’est donc certainement dans un lieu imaginaire que Martine installe cette exposition. Aux murs, on reconnaît sur la gauche les paysages exotiques de Raymond Riec et, à droite, les grandes fleurs oniriques du Croate Ivan Rabuzin, deux artistes réputés des années 70. Les auteurs des trois autres tableaux ne sont pas identifiés.

La personne qui se tient au centre est certainement Martine, entièrement vêtue de noir et portant des chaussures à hauts talons, comme à son habitude. L’autre visiteur, pourrait être Albert Laporte, un éditeur d’art installé au Muy et avec qui Frédéric Altmann projetait de s’associer pour ouvrir un musée d’art naïf dans une grande maison à la sortie du village de Flayosc. Le musée ouvrira ses portes en avril 1973 et nous assistons peut-être aux premières discussions de sa préparation.

Les visages expressifs des personnages et l’attention particulière portée à leur ressemblance avec les personnes réelles montrent bien le désir de Martine de faire évoluer sa technique picturale en créant des liens de plus en plus étroits avec la réalité.