C’est un tirage photographique représentant La Clinique des poupées que Martine avait choisi de faire figurer sur la couverture de l’invitation au vernissage de sa première exposition qui eut lieu à la galerie Art’O, le 5 décembre 1971.

Martine jugeait sans doute cette œuvre comme étant la plus représentative de son style pictural naissant et la plus aboutie des dix-huit peintures réalisées pendant cette première année. La Clinique des poupées, par l’importance qu’elle donne au traitement du visage de ses personnages, en marque son évolution. Martine a beaucoup travaillé ces visages et avec La Clinique des poupées, elle a multiplié ce sujet à l’envi, ces poupées étant prétextes à créer un catalogue varié de physionomies et d’expressions.

Martine prend du plaisir à remplir les étagères de petites têtes de celluloïd et de porcelaine. Derrière la dame au tablier, les poupées sont plus détaillées, leurs costumes sont peints avec soin. Au mur, des petits corps sans tête et des membres isolés sont suspendus et attendent leur tour. Bien que l’espace du magasin soit traité en aplats, une perspective commence à se dessiner. Le sol aux grands carreaux noirs et blancs donne de la profondeur à l’espace et le camaïeu de gris confère à l’ensemble un aspect général un peu métallique.

Une Clinique des poupées a réellement existé à Nice. C’était un magasin à la devanture de bois peinte en vert qui se trouvait au 17 rue Gioffredo et celles et ceux qui l’ont connu rapportent que la dame qui le tenait ressemblait tout à fait au personnage peint par Martine. Son visage est calme et pensif, il est traité avec soin, son inclinaison montre l’attention portée au travail en cours. Aucun sourire ne l’anime et, en effet, dès les premiers tableaux de Martine, on avait compris qu’elle ne laisserait pas sourire ses personnages. À part quelques rarissimes exceptions, elle ne dérogera jamais à cette règle.