Les dessins au crayon noir sur papier de Martine Doytier mettent en scène de manière spectaculaire les contrastes et oppositions entre les pleins et les vides, les blancs et les noirs, la densité de l’espace dessiné et la vacuité de la feuille vierge.

On remarquera que les parties dessinées occupent toujours moins d’espace que les parties vacantes. La rupture est toujours violente et affirmée. Dans Paysage d’hiver, le dessin est acéré et incise la feuille de papier de son tracé aigu.

Un orage semble s’annoncer sur la gauche, mais le ciel est blanc, tout comme les parois de ces falaises abruptes aux rochers nus et déchirés de crevasses. Au premier plan surgit un éperon rocheux bordé de petits arbres accrochés aux rebords des parois. La faille centrale accueille aussi une végétation qui semble s’y abriter des vents. La mine de graphite a créé des noirs profonds dans lesquels les arbres sont dessinés en réserve. En 1982, Martine a appris à manier cette technique avec virtuosité et, parfois, le doigt crée un dégradé de gris qui adoucit les formes.

Ce Paysage d’hiver semble très froid. Inhabité. Peut-être est-il d’un autre temps, lorsque la vie sur terre était essentiellement végétale. Comme souvent, Martine nous entraîne loin dans l’espace et dans les sensations. À l’horizon et dans les profondeurs vers laquelle plonge la faille centrale, rien n’arrête le regard. Nous sommes dans le rêve et dans l’imaginaire d’une artiste qui a su trouver par son art les voies de la liberté.