Martine Doytier, « Le Jardin d’enfants », 1971, huile sur toile, 55 x 74 cm.
Collection Madame et Monsieur Musnier, Ampus. Inv. MD10.
Le Jardin d’enfants montre le souhait de Martine Doytier de donner, dans ses tableaux, une plus grande importance aux personnages, aux petites aventures vécues, aux attitudes et aux mouvements.
Ici, les enfants s’éparpillent dans un jardin de ville autour d’un petit bassin bleu. Chacun est dessiné dans un espace qui lui est propre comme dans une bulle autonome. Chacun vit sa petite histoire, comme si Martine n’avait pas trouvé le moyen de les faire se rencontrer et de les faire jouer ensemble. Certains visages s’animent pourtant, une tête s’incline, un regard se baisse, une larme coule et un enfant ose même tourner le dos au spectateur. Il n’y a que sur les bancs que des dialogues s’établissent. Des familles regroupées s’occupent de leurs petits enfants, des personnes âgées, isolées ou en petit groupe, regardent le spectacle que provoque toute cette animation.
Le paysage de l’arrière-plan est traité rapidement. Les arbres ronds n’ont de feuilles que sur leur périphérie, les maisons de la ville sont faites de touches carrées monochromes et les nuages sont hâtivement esquissés. Martine aurait-elle été pressée de terminer ce tableau ? Il semblerait plutôt qu’elle cherche un style, qu’elle teste de nouvelles manières de peindre et qu’elle essaie de combattre sa maladresse picturale.
Regardez bien le visage de la marchande de ballons sur la gauche du tableau. Il annonce déjà d’autres visages plus complexes qui vont apparaître dans les œuvres à venir. Et, comme souvent, il y a un petit chien qui ressemble beaucoup à celui de Martine !